Une motion de censure, un gouvernement Pompidou démissionnaire avant un référendum pour l’élection au suffrage universel du Président de la République, avec un oui à 62,25 %. Entre le 4 et le 28 octobre, la vie politique française est en accéléré. Avant des législatives, les 18 et 25 novembre, qui vont conforter la majorité à l’Assemblée pour le président de Gaulle. Mais dans l’Aude, un trio socialiste change la donne.
Au soir du 25 novembre 1962, Charles de Gaulle peut être comblé. Après le triomphe du « oui » sur le référendum constitutionnel pour approuver le changement du mode d’élection du Président de la République (au suffrage universel, et plus par les grands électeurs, Ndlr), le second tour des législatives assure à De Gaulle une majorité confortée. L’Union pour la nouvelle République – Union démocratique du travail (UNR-UDT) renforce son assise, avec 41 sièges de plus que dans l’Assemblée issue des législatives de 1958, et 40 % des suffrages exprimés. Devant les communistes (21,3 %) et les socialistes (15,2 %).
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Mais dans un département de l’Aude où le « oui » au référendum n’a séduit que 25 à 30 % des électeurs, alors que le « non » drainait 40 à 45 % des votants (*), le terrain est bien moins favorable aux partis gaullistes, en atteste l’analyse livrée par François Guoguel dans un article paru en 1963 sur la Revue française de science politique. Ce « non » audois se décline dans un très vaste Midi de la France. Une tendance que, dans la Revue française, René Rémond et Claude Neuschwander expliquaient par une télévision moins répandue dans les bastions du non que ceux du oui. Guère convaincu, François Guoguel veut plutôt y lire une « culture politique particulière », la traduction potentielle de la présence d’un « nombre important de Français rapatriés d’Afrique du Nord ». Et de poursuivre : « A l’abri dans ses fiefs du Sud-Ouest, le radicalisme des débuts du siècle (aujourd’hui bien souvent sur l’étiquette socialiste) contemple impunément l’inondation gaulliste, persuadé un jour qu’elle refluera, et qu’il lui suffit d’attendre pour pouvoir prendre sa revanche. »
Un MRP, un UDR et un SFIO sortants, trois SFIO élus
Une lecture confirmée par les résultats du 2nd tour du 25 novembre 1962 dans les trois circos audoises : d’abord pour le sortant de la 2e, le candidat Section française de l’internationale ouvrière (SFIO) et maire de Narbonne Francis Vals, largement en tête au 1er tour (48,87 %) devant le candidat gaulliste UNR-UDT Pierre Grange (21,67 %), avant de s’imposer aisément avec plus de 75 % des suffrages. Dans la 3e circo, une bascule s’opère : Lucien Milhau, SFIO, confirme son avance acquise au 1er tour et bat le sortant radical-socialiste François Clamens dans une triangulaire avec le candidat UNR-UDT René Canoby. Reste la 1re circo, alors tenu par le Mouvement républicain populaire (MRP), fidèle compagnon du gaullisme avant de rompre en cette année 1962, pour marquer son opposition à la réforme constitutionnelle : devancé au 1er tour par le communiste Félix Roquefort (22,76 %) et le maire de Carcassonne SFIO Jules Fil (39,49 %), Louis Raymond-Clergue (17,75 %) ne résistera pas au retrait du PCF au second tour. Jules Fil est élu député, avec 62,72 % des voix, dans une triangulaire également disputée par le candidat gaulliste, Dominique Renucci. Au soir du 25 novembre 1962, la SFIO règne sur le département.
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