, Neuf nouveaux lieux culturels qui racontent la France

Neuf nouveaux lieux culturels qui racontent la France

Les Grandes Locos de Lyon sur les rails de la scène culture

Située peu après la confluence du Rhône et de la Saône, au sud de Lyon, l’entrée des Grandes Locos se dévoile avec, comme horizon, d’immenses hangars qui se succèdent sur une vingtaine d’hectares. Le lieu, qui accueillait autrefois les locomotives de la SNCF pour assurer leur maintenance, a gardé son cachet d’antan. En déambulant dans ses vastes allées et ses bâtiments, le visiteur est projeté entre deux mondes : un passé industriel rappelé par l’architecture des lieux et un espace créatif à inventer et réinventer au fil de la future programmation qui s’y tiendra. Car depuis début mai, cette friche industrielle a trouvé une autre destination : accueillir des événements culturels. Avec, en tête d’affiche, pour inaugurer ce nouveau lieu de la culture lyonnaise : le festival de musique électronique et des musiques indépendantes, Les Nuits sonores. Autrefois accueilli sur le site de l’ancienne usine Fagor-Brandt, à Gerland, celui-ci a traversé le Rhône pour accueillir, du 7 au 12 mai 2024, plus de 100 000 festivaliers. Et d’autres événements sont déjà programmés : la Biennale de la danse en septembre et, en 2025, la Biennale d’art contemporain. L’idée étant de pérenniser ce lieu dédié à la culture au sens large car celui-ci accueillera également une recyclerie professionnelle dédiée aux métiers du bâtiment et des industries culturelles et créatives. (Anne Taffin)

grandlyon.com/a-vivre/grandes-locos

Le Musée Dobrée à Nantes

Nantes renoue avec une prestigieuse maison de collectionneur

Son ouverture a été l’événement culturel du printemps nantais ! La fabuleuse collection de Thomas II Dobré, l’un des plus riches armateurs de France au XIXe siècle a enfin retrouvé son écrin bâti par Viollet Leduc. Une rénovation pensée sous la houlette du cabinet d’architecture Atelier Novembre et une scénographie remarquable imaginée par Adeline Rispal. Ici, tout est propice à la déambulation artistique tant chaque espace rivalise de découverte et de beauté. Du Moyen-Âge au XVIIIe siècle, art de vivre, objets d’art, meubles, peintures, sculptures, tapisseries… chaque époque réserve ses chefs-d’œuvre. À commencer par le plus célèbre : l’écrin funéraire pour le cœur d’Anne de Bretagne (avant 1514). Mais pas seulement, car au travers des 500 000 ans d’histoire parcourus sur les cinq continents, près de 2 500 objets sont exposés. Cerise sur le gâteau : un dispositif de médiation digital efficace et ludique pour toute la famille. (Valérie Abrial)

musee-dobree.fr

L’espace des sciences à Morlaix

La « Manu » de Morlaix reconvertie en un passionnant espace des sciences

Voilà une réhabilitation d’exception. À Morlaix, l’ancienne manufacture de tabac (1740-2004) revient à la vie sous forme de musée et d’espace des sciences. Ouvert à compter du 2 juillet, cet écrin magnifique, classé monument historique, mêle archives, outils multimédias, jeux (pour les petits et les grands), manipulations et médiation scientifique. Un premier espace valorise les techniques et le patrimoine industriels de la « Manu » : histoire du tabac et méfaits sur la santé, conditions de travail des ouvriers, découverte des machines de fabrication. En point d’orgue une exceptionnelle salle des moulins. D’époque et superbement restaurés, ils râpaient le tabac en poudre à priser. Situé dans les étages supérieurs sur 3 600 m2, l’espace des sciences s’ouvre sur un pendule de Foucault montrant la rotation de la Terre et invite à tester un énorme globe terrestre interactif. Passée une exposition géologique « tactile » et instructive sur les roches armoricaines, le visiteur débouche sur un étonnant Jardin des planètes. Conçue en polystyrène, fibre de verre et peinture par l’artiste Patrick Michel, cette visualisation poétique et à l’échelle du système solaire propose une découverte en 3D des constellations dans l’obscurité d’une voûte céleste éclairée d’étoiles. (Pascale Paoli-Lebailly)

espace-sciences-morlaix.org

Le Hangar Y à Meudon

Art et loisirs au Hangar Y à Meudon

Ancien entrepôt de ballons dirigeables situé à l’orée de la forêt domaniale de Meudon, voilà un hangar reconverti en espace culturel multifacettes il y a à peine un an. D’abord, le bâtiment, impressionnant tant par son architecture que par son histoire encore palpable. C’est le cœur des expositions temporaires, de judicieuses compositions entre histoire, art contemporain, parcours initiatique et thématique. Cet été, on plonge dans un univers ludique avec « Rayons jouets », une exposition dédiée à tous les publics, à l’image d’un grand magasin, avec, pour les plus avertis, une réflexion introspective sur le monde. Une balade que l’on est invité à poursuivre dans le parc via un parcours paysager et artistique dans lesquels le patrimoine écologique côtoie des œuvres de la scène internationale actuelle. Puis c’est le temps de la pose à la guinguette avant de poursuivre dans les sous-bois où les enfants peuvent profiter d’aires de jeux. Ici, tout est pensé pour que l’on y passe la journée : restaurant au bord de l’eau et cinéma en plein air à la clé. Loin du tumulte de la ville. (Valérie Abrial)

hangar-y.com

Les Franciscaines à Deauville

C’est sans doute l’une des réhabilitations patrimoniales les plus réussies de ces trois dernières années : les Franciscaines à Deauville, ancien couvent devenu orphelinat puis école, racheté par la ville en 2011, et aujourd’hui transformé en lieu culturel. Tout ici invite à reprendre le temps, celui de la lecture, de la méditation, de l’art, du dialogue et des saveurs gourmandes, car comme aime le rappeler Philippe Augier, le maire de la cité balnéaire, « nous avons souhaité un lieu de vie, de partage pour nos concitoyens, mais aussi un lieu qui soit ouvert sur la ville et au-delà. Et pour cela la qualité de notre programmation se devait d’être exigeante ». Mission réussie pour sa directrice, Caroline Clemensat, pour qui la pluridisciplinarité du programme était la condition sine qua none d’un lieu culturel dédié au plus grand nombre. Théâtre, rencontres littéraires, débats, danse… tous les arts ou presque y sont représentés. Mention spéciale pour la bibliothèque, qui avec ses espaces de lecture aux airs de salons de détente invite à décrocher du réel et à méditer sur les œuvres d’art de la collection de la ville exposées in situ. Un choix judicieux qui fait le trait d’union avec le musée André Hambourg ; et avec les espaces d’exposition dirigés par Annie Madet-Vache qui rappelle à l’envi la dimension territoriale, nationale et internationale de la programmation. Après l’exposition Zao Wou-Ki, place à Robert Capa, et, depuis hier, au japonisme. « Nous collaborons avec les musées nationaux tel le musée d’Orsay bien sûr, mais également avec d’autres institutions à travers le monde. Pour le japonisme, beaucoup d’œuvres nous sont prêtées par le Mori Art Museum de Tokyo ». Si vous passez par Deauville cet été, faite une pause chez Les Franciscaines, vous en ressortirez apaisé. (Valérie Abrial)

lesfranciscaines.fr

Les artistes femmes célébrées à Mougins

C’est un village médiéval varois bien connu pour avoir vu passer de grands artistes comme Picasso, Miro, Fernand Léger… Mougins et son cœur historique, perchés entre mer et montagne, attirent depuis longtemps les amateurs d’art. Les collectionneurs aussi. Christian Lewitt est de ceux-là ; il y a installé son musée d’art classique en 2011. L’homme d’affaires anglais collectionne depuis l’enfance des objets de tous horizons, des antiquités, des sculptures, des peintures de toutes les époques, pourvu qu’elles soient le témoin artistique et historique de notre patrimoine culturel. Jusqu’au jour où il prend conscience que non seulement les livres d’histoire de l’art font bien souvent l’impasse sur les femmes, mais qu’en outre elles sont quasiment invisibles dans les musées alors qu’elles sont tout aussi talentueuses que leurs homologues masculins. Sa décision est prise : réhabiliter son musée pour le consacrer exclusivement aux artistes femmes. « Car elles ont bel et bien existé et produit des œuvres sublimes, insiste Leisa Paoli, la directrice du musée. C’est cette injustice que nous souhaitons réparer. » Avec son nom emblématique FAMM (Femmes Artistes du Musée de Mougins), l’espace qui a ouvert le 21 juin propose quatre étages totalement dédiés aux artistes femmes du monde entier. Un parcours pensé comme une balade à travers le temps et les univers stylistiques et dans lesquels on découvre que les femmes n’ont jamais été bien loin de l’inspiration des hommes tout en laissant circonspect sur « qui a influencé qui ? ». Une balade initiatique autour des œuvres de Leonor Fini, Lee Krasner, Berthe Morisot, Louise Bourgeois, Vieira Da Silva, Nan Goldin, Elaine de Kooning, Alice Neel et tant d’autres oubliées… (Valérie Abrial)

famm.com

À Arromanches, la cure de jouvence du musée du débarquement

Exit le petit musée édifié en 1954 seulement dix ans après l’arrivée des soldats alliés sur les côtes normandes, sur l’un des lieux emblématiques du Débarquement. L’établissement qui domine Utah Beach a été reconstruit intégralement en deux fois plus grand et inauguré pendant les cérémonies du 80e anniversaire du D-Day. Plus encore que son aîné, il offre une vue imprenable sur les vestiges du port artificiel Mulberry B grâce à d’immenses baies vitrées enserrées dans une gangue de béton qui évoque les bunkers d’alors. Cette cure de jouvence a aussi été l’occasion de repenser la muséographie sur un mode plus immersif. Ancêtres de la 3D, les maquettes animées, cadeau des Britanniques, la veste du célèbre commandant Kieffer et les collections de films d’archives sont remises en scène dans un environnement contemporain. Elles sont complétées par une nouvelle projection monumentale en réalité virtuelle qui permet aux visiteurs, munis d’un audioguide, de toucher du doigt la prouesse logistique que constitua l’opération Overlord. Comme un aide-mémoire pour les jeunes générations. (Nathalie Jourdan)

musee-arromanches.fr

La Fondation Fiminco à Romainville

La Fondation Fiminco crée un nouveau quartier artistique à Romainville

Gigantesque ! C’est souvent le premier mot qui vient à l’esprit lorsque l’on pénètre dans cet endroit à la frontière du passé. Au cœur d’un quartier en pleine réhabilitation, le Bas Pays de Ramonville où quelques vieux pavillons ouvriers résistent encore à la pelleteuse, surgissent de nouveaux immeubles que l’on soupçonne encore inhabités pour la plupart. Un bâtiment fait exception : la Fondation Fiminco qui a réinvesti l’ancien site pharmaceutique créé par Gaston Roussel en 1911. Telle une ville dans la ville l’entreprise employait jusqu’à 4 000 personnes. Aujourd’hui, la fondation s’étend sur 11 000 m2 dispersés sur cinq bâtiments accueillant des espaces d’exposition, des galeries d’art, une librairie, un atelier de design, un campus de l’école d’art et design Parsons Paris, une société de production audiovisuelle, les réserves du Fonds régional d’art contemporain d’Île-de-France, le studio de danse de la Compagnie Blanca Li, un café… Un véritable lieu de vie dont l’objectif majeur est de soutenir les artistes ; un quartier en devenir nommé FAST, qui poursuit son extension : place bientôt à une salle de spectacles et un restaurant. Le Grand Paris… c’est tout un art ! (Valérie Abrial)

fondationfiminco.com

La langue française à Villers-Cotterêts

Ouvert depuis le mois d’octobre, la Cité Internationale de la langue française rend hommage à la francophonie à travers un parcours instructif et ludique. On y découvre, le métissage de notre la langue en perpétuelle transformation : une excursion à travers les mots où le visiteur est invité à jouer avec eux, à tester leur orthographe, à découvrir leur origine… Cet été, place aux refrains et mélodies avec une exposition temporaire : « C’est une chanson qui nous ressemble, succès mondiaux des musiques populaires francophones ». Une autre façon de découvrir la richesse de notre langue. (Valérie Abrial)

cite-langue-francaise.fr

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