Un nouveau pan de l’e-sport s’écrira en France. En 2025, la scène française du gaming accueillera à Nice la toute première édition européenne de l’EVO, le plus grand tournoi e-sport de jeux de combat. Il a rassemblé 10.000 personnes entre le 19 et le 21 juillet à Las Vegas pour son édition américaine. L’EVO, c’est vingt-deux ans d’existence, des dizaines de moments historiques archivés sur YouTube, et deux titres pour des joueurs français, en 2014 et 2022. Une notoriété suffisante pour que même le président adresse ses félicitations par un tweet envoyé au milieu de la nuit.
Et si c’est une bonne nouvelle pour la France, c’en est une excellente pour Nice. La capitale azuréenne ne cache plus ses ambitions en matière d’e-sport. Le choix de cette destination a été décidé après un premier partenariat entre la ville et Webedia, coorganisateur de l’EVO, lors d’un autre grand événement e-sportif – français cette fois – les LFL Days.
Un premier succès avec « League of Legends »
En février 2022, Nice accueille en effet pour la première fois cette étape du championnat français de League of Legends, l’un des jeux e-sport les plus suivis. L’expérience est renouvelée et malgré quelques couacs de communication avec les ultras, l’édition 2024 a battu des records, avec 9.000 personnes sur place et plus de 230.000 spectateurs simultanés sur Internet, rapporte le média spécialisé Team AAA.
« C’est un mariage heureux », sourit Graig Monetti, maire adjoint de Nice chargé de l’événementiel. Plus largement, il se félicite de la nouvelle place accordée au jeu vidéo : « On est passé de 0 à 100 en très peu de temps sur l’e-sport. C’est un phénomène auquel je ne comprenais rien, mais que je trouvais extraordinaire, avec une très grande qualité de production sur les événements. On a compris le filon en le découvrant. »
Hôtel, aéroport et douceur méditerranéenne
De même, le choix de Nice semble approprié pour la communauté, qui se réjouit de voir l’événement débarquer en France. « On sent qu’il y a un besoin et un devoir d’accueillir tout le monde de la plus digne des manières, et montrer de quoi on est capables, commente Antoine « TPK » Billy, commentateur e-sport et streameur spécialiste des jeux de combats. Je pense qu’il faut absolument sortir de Paris [pour organiser l’EVO]. Là, il y a un aéroport, c’est près de la mer, donc en octobre il devrait faire pas trop moche, et, de ce que je comprends, il y aura une bonne capacité hôtelière. » Les mêmes arguments sont répétés par Bertrand Amar, qui relève toutefois quelques challenges : « Traditionnellement, il n’y a pas de limite au nombre de participants au tournoi. Ça va donc être un défi technique et logistique pour gérer tout le monde les premiers jours, et pour proposer une expérience à la hauteur lors de la finale. »
Les joueurs éliminés, même dès les premières phases, deviennent des spectateurs et restent pour la plupart regarder les phases finales. En marge du tournoi, le lieu d’accueil abrite aussi une convention avec des stands de cosplay ou de jeux hors tournoi. Pour une première en Europe, l’organisateur s’attend à un nombre de participants un peu moins élevé que l’affluence de l’EVO Japan, qui a rassemblé environ 6.000 personnes cette année. La réflexion est ouverte pour proposer des « places sèches » pour des spectateurs non-joueurs.
Une filière du jeu vidéo en construction
Une affluence et un format qui sera l’occasion de faire vivre Nice, assure la mairie. « C’est un formidable levier pour proposer des activités et mettre en avant Nice, en en faisant une vraie fête de l’e-sport », affirme Graig Monetti. « En France, il y a une prise en compte de l’e-sport pour toucher les jeunes », analyse Nicolas Besombes, maître de conférences en sociologie du sport à l’Institut des Sciences du Sport-Santé de Paris. C’est aussi un enjeu pour les collectivités, et la région Occitanie l’a très bien saisi par exemple, reprend-il. Il y a un réel enjeu pour Nice à se positionner en accueillant ces événements. »
Plus largement, Graig Monetti mise en effet beaucoup sur le jeu vidéo et imagine voir Nice comme la troisième ville emblématique du secteur en France, après Paris et Montpellier. « Il faut en faire une filière signature de notre territoire », insiste-t-il. E-sport, offres de formation dans le numérique et le jeu vidéo, pépinière d’entreprises : « Tous les moyens nécessaires seront entrepris. »
Cap sur l’olympisme
« On met l’EVO, en matière de popularité, sur le même plan que l’arrivée du Tour de France », garantit-il même en référence à l’arrivée finale de la compétition cycliste que la ville a accueillie cette année. L’EVO s’inscrit dans une continuité d’événements municipaux, mais aussi d’ampleur nationale voire internationale : le carnaval, l’Eurovision junior 2024, un futur festival d’humour organisé par Gad Elmaleh nommé Jubil ou encore une candidature pour devenir capitale européenne de la culture en 2028. « L’événementiel est un multiplicateur de développement », assure Graig Monetti.
La métropole a même récemment obtenu l’organisation des Jeux olympiques d’hiver 2030. De quoi donner des idées, alors que le CIO a annoncé la création, à partir de 2027, d’un événement e-sport officiellement étiqueté « olympique » ? « Pour moi, les plus grosses injustices des JO sont l’absence de la pétanque et de l’e-sport », plaisante Graig Monetti pour faire comprendre son intérêt. « C’est évident que la France sera candidate dès que le format et le calendrier seront connus, assure Bertrand Amar. Par ailleurs, il y a de plus en plus de compétition par nation dans le domaine, et c’est un côté qu’on retrouve un petit peu à l’EVO. » Rendez-vous dans quinze mois pour voir des victoires françaises à domicile.
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