Son buste se trouve dans la salle du conseil municipal de Bordeaux, comme celui des autres maires. Pourtant Adrien Marquet n’est pas un édile comme les autres – ce que souligne une nouvelle plaque mémorielle.
« Ce n’est pas un buste anodin ni un mandat anodin », a souligné Pierre Hurmic lors d’une conférence de presse peu avant le conseil du 9 juillet 2024.
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La plaque mémorielle, apposée derrière le buste, doit « rappeller à la fois ses réalisations urbanistiques pour Bordeaux et ses agissements au cours de la Seconde guerre mondiale ». Car si on lui doit de nombreux éléments du Bordeaux actuel, son passé de collaborationniste ne doit pas être tu.
Un héritage d’urbaniste
Né à Bordeaux en 1884, Adrien Marquet a commencé sa carrière politique comme membre du Parti socialiste français dès ses 19 ans. Élu d’abord conseiller municipal, il est ensuite élu député en 1924, 1928, 1932 et 1936.
En 1925, il est élu maire de Bordeaux et le restera jusqu’en août 1944. Dès 1930 il fait construire et modernise les équipements de la ville avec l’architecte Jacques D’Welles.
On lui doit la Bourse du travail, la piscine judaïque, le stade Lescure (Chaban-Delmas), les abattoirs, la Régie municipale du gaz et d’électricité (l’hôtel Mama Shelter aujourd’hui), la réfection des égouts, de l’éclairage public, la macadamisation des rues…
Des grands travaux sont réalisés aussi au niveau national grâce au « plan Marquet », politique qu’il lance lorsqu’il devient ministre du Travail en 1934.
Un passé de collaborationniste
Dès 1933, Adrien Marquet défend « l’ordre, l’autorité et la nation » dans un discours lors du congrès de la Section française de l’Internationale ouvrière (SFIO). Signe de son virage nationaliste et précurseur de ses agissements lors de la Seconde guerre mondiale.
Il défend les accords de Munich et l’Armistice et est nommé ministre d’État en 1940 par Philippe Pétain ; puis devient ministre de l’Intérieur. Il est l’un des architectes du vote des pleins pouvoirs accordés à Pétain.
Pendant l’occupation, il ne soutient pas les juifs bordelais et ne dénonce ni les rafles ni les fusillades d’otages. Il prône la collaboration, dans des textes publiés dans Le Progrès de Bordeaux dont il est le fondateur. Il fait même venir l’exposition « Le Juif et la France » dans l’Hôtel de ville en 1942.
Pour rappel 1 681 juifs, dont 225 enfants, ont été déportés de Bordeaux durant la Seconde Guerre mondiale.
Condamné à dix ans d’indignité nationale
Il négocie avec la Wehrmacht pour éviter l’explosion des bâtiments et ponts de Bordeaux lors du départ des Allemands.
Arrêté dès août 1944, il est emprisonné à l’hôtel Royal-Gascogne. Il est condamné à 10 ans d’indignité nationale par la Haute cour de justice en 1948. Gracié financièrement en 1950, il n’est jamais amnistié.
Des archives allemandes trouvées ensuite prouvent la collaboration enthousiaste d’Adrien Marquet et son envie de voir l’Allemagne victorieuse. Il meurt en 1955 alors qu’il tente un retour en politique.
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C’est cette dualité de l’héritage d’Adrien Marquet que l’on retrouvera sur la nouvelle plaque, élaborée avec un historien et validée par la Direction régionale des affaires culturelles.
Elle s’inscrit dans une politique continue de Mémoire de la municipalité : panneaux explicatifs dans les rues portants le nom de négriers, pavés de mémoire, dénomination d’une place des Résistants et résistantes étrangers pour ne citer que certains exemples.
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