« Aujourd’hui, des curés eux-mêmes orientent des parents vers la mairie » : l’histoire du baptême avec Vincent Gourdon

Le baptême, autrefois incontournable dans une France catholique, connaît un déclin marqué. À travers l’histoire de cette pratique, Vincent Gourdon dévoile les transformations profondes de ce rituel, reflet de la mutation des valeurs et de la place de la religion dans la société française.

En 1961, 82 % des nouveau-nés recevaient les eaux baptismales ; en 2018, ils ne sont plus que 27 %, observe Jérôme Fourquet dans son récent Métamorphoses françaises – État de la France en infographie et en images (Seuil). C’est en cette matière qu’un livre singulier s’impose à notre attention : celui de l’historien Vincent Gourdon, Histoire du baptême – Du Moyen Âge à nos jours. Ce dernier retrace le parcours séculaire de cette pratique en France, révélant une évolution bien plus profonde et inattendue qu’un simple passage d’un rite jadis universel, dans une France catholique, à une pratique devenue marginale dans une société plurielle et sécularisée.

Marianne : Comment le rôle symbolique et social du baptême a-t-il évolué entre le Moyen Âge et l’époque contemporaine, notamment en termes d’intégration dans la communauté locale ?

Vincent Gourdon : À la fin du Moyen Âge et de manière encore plus explicite sous l’Ancien Régime, le baptême remplit un grand nombre de rôles, religieux ou non. Premier des sept sacrements de l’Église catholique, il est bien entendu l’acte rituel qui fait entrer le nouveau-né dans la communauté des enfants de Dieu et qui lui ouvre les portes du salut par la réception de la grâce qui efface le péché originel.