S’il avait su que l’Assemblée nationale allait être dissoute, Michel Soriano, homme de gauche et fervent défenseur de la paix, aurait attendu quelques mois de plus, « pour se battre » contre le Rassemblement national, avant de céder son écharpe tricolore de maire de Lasséran (400 habitants), las de la surcharge de travail l’éloignant de sa famille et miné par un léger problème de santé…
Il a beau être un édile parmi plus de 400 dans tout le Gers, qui plus est d’une commune de 400 âmes, son nom parle à coup sûr à nombre de Gersois, tant sa personnalité se détache du lot. Après 16 années de mandat, Michel Soriano, 68 ans, a officiellement cédé, le mardi 25 juin, son écharpe tricolore de maire du village de Lasséran, à quelques kilomètres au sud d’Auch.
Une décision, mûrement réfléchie, qui s’est imposée à celui qui est arrivé, au début des années 2000, comme un cheveu sur la soupe, après la démission collective du conseil municipal de l’époque. « C’est la surcharge de travail, moi je le fais à 300 % donc je ne m’économise pas. Je travaille 30 à 40 h par semaine […] ma femme ne me voit jamais », explique Michel Soriano, qui a aussi fait face à un petit souci de santé.
Autre paramètre qui a pesé dans sa décision : « la perte de compétences des communes rurales ». Aujourd’hui, le sexagénaire ne mâche pas ses mots et dénonce « un abandon de l’État » des plus petites communes.
« J’ai tout fait avec mon argent »
Michel Soriano insiste, donc, son départ n’a rien à voir avec les derniers résultats des européennes et l’annonce (surprise) de la dissolution de l’Assemblée nationale par Emmanuel Macron. Bien au contraire. « J’ai pris la décision il y a plus d’un mois, mais si j’avais su, j’aurais reculé mon départ d’un ou deux mois pour me battre », admet l’ancien maire de Lasséran, qui se dépeint comme un « farouche militant pour la paix ».
Ses innombrables projets (parcours citoyen, fresque promouvant l’entente entre les peuples, etc.), à découvrir aux quatre coins de son village, sont là pour en attester. « Certains me les reprochent. Je ne comprends pas que des gens soient désolés de voir des messages de paix dans tous les coins de rue, regrette Michel Soriano. En plus, j’ai tout fait avec mon argent. Je n’ai pas engagé les deniers de la commune. »
800 km en voiture pour offrir un arbre
Mais il en faut plus à l’ancien édile pour être découragé. Au lendemain de la « passation de pouvoir » à la mairie de Lasséran, désormais dirigée par Arthur Benoit, le sexagénaire a pris la route du Calvados. Lors des Prix de la démocratie, au Mémorial de Caen, Michel Soriano a offert un ginkgo biloba d’Hiroshima à son directeur. « C’est l’arbre mythique du Japon parce que c’est le premier qui a repoussé après l’explosion de la bombe atomique », explique-t-il.
Alors quand on lui demande s’il compte continuer de promouvoir la paix, Michel Soriano, qui arbore désormais la casquette de conseiller municipal, répond : « Ça dépendra du conseil municipal. » L’envie, elle, est toujours là.
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