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Nous sommes en juillet 1944, le 28 précisément. Dans la Manche, non loin de Saint-Lô, la petite commune de Saint-Jean-des-Baisants, environ 700 âmes, vient d’être libérée par les Alliés.
Libre, mais entièrement détruite, ou presque. Parmi les habitants, Angèle Lamoureux, 60 ans. Elle ne le sait pas encore, mais cette fille d’agriculteurs aisés, fervente catholique, va devenir, dans quelques mois, la première femme à être élue maire dans le département de la Manche.
Voici comment ça s’est passé.
Plus de 150 ans après Olympe de Gouges
« Sous l’égide du Général de Gaulle, le Conseil national de la Résistance, prépare les réformes d’après la Libération, raconte René Gautier, historien local. Deux ordonnances, l’une du 21 avril 1944, à Alger, et l’autre du 5 octobre suivant, à Paris, sont publiées en faveur du vote des femmes. »
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On est plus de 150 ans après La Déclaration des droits de la femme et de la citoyenne, rédigée par Olympes de Gouges en 1789, décapitée sur ordre de Robespierre.
« On aurait pu croire qu’après la Première Guerre mondiale, lors de laquelle les femmes avaient remplacé les hommes partis au combat, ce droit de vote leur aurait été attribué plus tôt, fait remarquer l’historien manchois. Mais c’était sans compter sur un Sénat ultra-conservateur qui a bloqué, entre 1919 et 1936, une dizaine de propositions de loi en ce sens. »
Elue maire par surprise
En France, les élections municipales des 29 avril et 3 mai 1945 sont donc les premières qui incluent le vote des femmes : non seulement, elles peuvent voter mais elles peuvent aussi se présenter, voire être élues.
C’est ce qui va arriver à Angèle Lamoureux, presque à son corps défendant, car cette dernière ne se présente pas pour être élue maire, mais seulement pour siéger au conseil municipal. Elle, la fille de maire – son père Emile Morice a été élu de 1912 à 1925 – « est élue en sixième position, raconte René Gautier. Elle devient maire, car la personne qui était pressentie pour ce poste ne veut plus l’occuper ».
Démission après seulement sept mois
A 61 ans, voici donc Angèle Lamoureux à la tête de sa commune. Elle est la première femme de la Manche à occuper ce poste. Elle n’y restera cependant que sept mois.
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La période de la Reconstruction, difficile et sensible, s’est-elle avérée trop compliquée à gérer ? A-t-elle rencontré une hostilité de la part de certains hommes ? « On n’en sait rien pour l’instant », reconnaît René Gautier, qui mène des recherches sur le sujet, auprès de personnes l’ayant fréquentée.
« Ce qui est sûr, c’est que les procès-verbaux de l’époque montrent qu’elle a administré la commune avec objectivité, bon sens, et fermeté », constate ce dernier.
Remplacée par Paul Auvray jusqu’en 1955, Angèle Lamoureux est restée conseillère municipale.
Conférence de Michel Boivin en 2025 et square à son nom
Pour lui rendre hommage, Saint-Jean-d’Elle inaugurera prochainement un square portant son nom. Décédée en 1964, Angèle Lamoureux est enterrée au cimetière de Saint-Jean-des-Baisants.
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Samedi 22 mars 2025, une conférence animée par Michel Boivin, historien et politologue, sera consacrée au droit de vote des femmes en 1944, en France et dans la Manche, avec une mise en lumière de l’élection historique d’Angèle Lamoureux.
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