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Suite aux fortes crues qui ont dévasté son arrondissement en janvier 1841, le sous-préfet de Louviers, las de voir son territoire régulièrement inondé par les débordements de l’Eure et de l’Iton, initie une vaste enquête auprès des maires de son arrondissement, ouverte également aux communes riveraines des deux riveraines.
Aux sources de la mémoire
La première partie du questionnaire porte sur l’historique des crues : il est demandé à chaque édile de relater la crue la plus ancienne connue dans leur localité. La plupart évoquent les dernières crues de 1820 et 1841, qui ont marqué les esprits par leur importance. Ainsi, lors de la crue de 1820, l’Eure est montée jusqu’à 1,80 mètre au-dessus de son lit à Acquigny, et a débordé d’1,86 mètre à Écardenville-sur-Eure en 1841 !
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Pour cet historique, la mémoire des habitants les plus âgés est mise à contribution. D’autres étudient les registres paroissiaux où les prêtres ont pour habitude de consigner les faits remarquables de leur paroisse. Enfin certains recherchent les traces laissées par le passage des eaux. Le maire de la Croix-Saint-Leufroy décrit ainsi sa démarche d’enquêteur (Lettre du maire de la Croix-Saint-Leufroy, 12 mars 1841) : « Je me suis procuré les chiffres des données que je vous signale, tant dans les notes écrites à la suite des actes de l’état civil […], que par l’inspection de lignes tracées sur d’anciennes constructions riveraines, indiquant la hauteur des eaux et leur millésime, et par la déclaration orale de vieillards, à la véracité desquels j’ai lieu d’ajouter foi. »
Des dégâts importants
Autre constat à la lecture des rapports municipaux : les crues de l’Eure et de l’Iton entraînent d’importants dommages, laissant un paysage de désolation après leur passage. Le 3 mars 1841, le maire d’Acquigny écrit ceci : « En 1841, année présente, les journées des 14, 15 et 16 janvier, la rivière a donné une crue de 2m20 au-dessus de son cours naturel, ce qui a produit une inondation dans cette commune [Acquigny] qui a produit les résultats comme suit : deux chaumières sont écroulées, les murs des bâtiments ruraux se sont trouvés percés et tombés, une grande quantité des murs de clôture d’habitation est pareillement tombée. La rapidité du cours des eaux a dégradé à bien des terrains de culture. »

À ces dégâts matériels s’ajoutent les risques sanitaires consécutifs à une pollution des eaux par les déchets organiques. Le choléra qui a frappé la région en 1832 est encore présent dans les esprits. Tout est donc mis en œuvre pour venir à bout des « exhalaisons morbidiques » qui sortent des cadavres et autres cultures en pleine pourriture.
Malgré l’importance des préjudices, la réponse de l’État ne semble guère être à la hauteur. Le maire d’Hondouville indique qu’après la crue de l’Iton de 1822, « les pertes furent estimées par des experts nommés par l’administration, elles montèrent à 18 000 francs pour la commune, l’indemnité accordée fut de 150 francs seulement. » Face à la maigreur des indemnisations, les habitants de son village ne demanderont aucun secours après la crue de 1826, malgré le saccage de leurs récoltes.
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Quels responsables ?
D’après les maires, les causes de ces inondations sont nombreuses. Beaucoup évoquent les conditions climatiques difficiles. Lettre du maire de Notre-Dame-du-Vaudreuil, le 4 mars 1841 : « Quelles sont les causes de ces inondations ? Je crois qu’elles doivent être attribuées à la fonte subite des neiges accompagnée de fortes pluies. »
D’autres élus pointent des manquements humains : défaut de curage des rivières, ce qui crée des encombrements et donc des débordements ; taille sous-estimée des vannages, incapables de contenir le flux des rivières ; ou encore absence de retenues d’eau pour limiter le ruissellement dans les plaines et depuis le plateau du Neubourg.
De cette enquête de 1841, il ne nous reste au sein des archives de Louviers que les réponses des maires, soucieux de partager leur expérience pour limiter, voire éviter les inondations futures. Parmi celles-ci, la crue survenue en 1910 demeure encore aujourd’hui une crue de référence, en particulier pour les territoires traversés par la Seine, l’Eure et l’Iton. Mais c’est une autre histoire…
Pôle archives Seine-Eure
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