Ils, et surtout elles, sont les véritables bras droit des maires dans les petites villes et villages : les secrétaires générales de mairie. Elles sont présentes dans les communes de moins de 3 500 habitants et ont des missions extrêmement variées qui vont de la comptabilité jusqu’à l’établissement des actes de naissance ou de décès en passant par l’urbanisme et la médiation dans les conflits de voisinage. Mais si elles sont indispensables, les secrétaires générales de mairie sont aussi de plus en plus rares. Plus de 1 900 postes sont vacants en 2024 et près d’un tiers des agents en poste partiront à la retraite d’ici 2030, selon le site Viepublique.fr.
Pour contrer cette pénurie, le Centre national de la fonction publique territoriale (CNFPT) de Bourgogne-Franche-Comté propose une formation sur trois mois pour apprendre ce métier. Ce cursus existe depuis 19 ans et se fait en alternance, avec des cours théoriques et des stages auprès de secrétaires de mairie désignées tutrices des élèves. Dans l’Yonne, la promotion 2024 commence ses trois mois de formation ce mardi 17 septembre, avec des cours théoriques dispensés au Centre national de la fonction publique territoriale d’Auxerre.
Une grande polyvalence
Les 15 personnes sélectionnées pour suivre cette formation sont des demandeuses d’emploi en reconversion. C’est le cas de Ludivine Tusseau-Dupont, anciennement assistante d’éducation pendant cinq ans et très enthousiaste devant cette formation qui commence. « C’est un clairement un défi parce que c’est un domaine de compétences très larges, confie-t-elle. On passe de la comptabilité à l’état civil, jusqu’à l’urbanisme … Quand on pousse la porte d’une mairie, on ne se doute pas que la secrétaire de mairie possède autant de compétences ! »
Cette diversité, c’est justement ce qui a plu à Estelle Berry, secrétaire générale de mairie depuis neuf ans à Les Hauts-de-Forterre, commune nouvelle de 500 habitants. « On ne sait jamais comment on va commencer la journée ni comment on va la finir, raconte-t-elle. On va gérer des rentrer d’argent et des dépenses, des entreprises du bâtiment pour nos travaux, on accueille aussi les habitants qui ont une grande variété de problèmes à nous présenter. Il y a aussi l’état civil, la rédaction des actes, les délibérations de conseils municipaux. Enfin, on va aider les élus sur certains dossiers, à préparer les conseils municipaux … Le bras droit des élus, c’est nous !«
Un rôle indispensable pour les mairies des petites communes
C’est ce que confirme Jean-Pierre Gouyon, maire de Véron (1 970 habitants) depuis 2020. La diversité des compétences des secrétaires générales de mairies sont d’autant plus indispensables aux maires des petites communes que, contrairement à elles, eux n’ont pas de formation administrative et juridique. « Moi j’ai été adjoint, mais quand on passe maire, on se rend compte de la marche, de la responsabilité, témoigne-t-il. La charge administrative est devenue de plus en plus lourde, de plus en plus complexe donc on se repose beaucoup sur les secrétaires de mairie. Quand on veut faire quelque chose, on leur demande si on a le budget, quelles seront les démarches … Sans secrétaire de mairie, c’est très difficile. Et on en trouve de moins en moins ! »
Car il y a une vraie pénurie de secrétaires de mairie. « Je pense que les gens voient ça comme une secrétaire d’entreprise derrière un bureau, analyse Cindy Ferreira, secrétaire à Brillon. Comme quelqu’un qui assure des missions d’accueil ou de comptabilité seulement, mais pas du tout quelque chose d’aussi polyvalent. On est vraiment les bras droit du maire ! Il y a aussi le salaire en début de carrière qui n’est pas très attractif : à peine plus que le smic net … » Estelle Berry évoque aussi cette question de la rémunération, même si les maires peuvent revaloriser le salaire de leurs secrétaires grâce à des primes. « Je pense aussi qu’il y a un problème de formation, ajoute-t-elle. C’est un métier peu connu, pour lequel il n’existe pas de formation officielle à la sortie du bac. »
Toujours selon le site Viepublique.fr, la majorité des secrétaires de mairie sont des fonctionnaires de catégorie C, les moins bien payés. A partir de 2028, dans les communes de moins de 2 000 habitants, les maires devront obligatoirement nommer secrétaire de mairie des fonctionnaires de catégorie B ou A, et uniquement de catégorie A dans les communes de 2 000 à 3 500 habitants.
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