Dissolution. « Je ne suis pas serein », réagit le maire d’Angers

Vingt et un pays sur 27 ont voté ce dimanche 9 juin en Europe. Cinquante millions de Français étaient appelés aux urnes, dont les 597 977 électeurs inscrits en Maine-et-Loire.

Au niveau national, la liste Rassemblement national menée par Jordan Bardella arrive nettement en tête avec 31,5 % des suffrages selon une estimation Ipsos pour France Télévisions, Radio France, France 24/RFI, Public Sénat/LCP Assemblée nationale.

Élections européennes : suivez la soirée électorale dans notre direct du dimanche 9 juin 2024

Le RN devance la liste de la majorité (Renaissance), conduite par Valérie Hayer (15,2 %), suivie de la liste PS – Place publique de Raphaël Glucksmann (14 %), de la liste La France insoumise de Manon Aubry (8,7 %), de la liste Les Républicains de François-Xavier Bellamy (7,2 %), de la liste Reconquête de Marion Maréchal (5,5 %) et de la liste EELV de Marie Toussaint (5,2 %).

Suivez les résultats des élections européennes en Maine-et-Loire

Tirant les conclusions de ce scrutin, le président de la République Emmanuel Macron a décidé de dissoudre l’Assemblée nationale. Les Français retourneront dans les bureaux de vote les 30 juin et 7 juillet.

___

Jean-Marc Verchère (MoDem), maire d’Angers : « Je ne suis pas serein »

Stella Dupont (En commun), députée de Maine-et-Loire. Archives CO – Laurent COMBET

Jean-Marc Verchère, maire (MoDem) d’Angers : Je me réjouissais de pouvoir annoncer que l’abstention était moins forte à Angers qu’au niveau national. Mais tout cela est effacé par la décision de dissoudre l’Assemblée nationale. C’est inattendu. C’est redemander aux Français de voter dans trois semaines, en pleine période de départ en vacances. C’est ne pas prendre soin de ces élections européennes. Je suis un peu sévère, parce que je ne suis pas serein. Les législatives vont être encore plus marquées. C’est le risque.

Stella Dupont (En Commun) : « Ça prend tout le monde de court »

Jackie Goulet (DVG), maire de Saumur. CO

Stella Dupont, députée (En Commun, apparentée Renaissance) d’Angers sud, marque l’aile gauche de la majorité présidentielle : Les résultats sont mauvais pour la majorité. Il y a une sanction très forte dans les urnes.

Sur la dissolution annoncée par le président de la République : Je ne pensais pas que cette décision interviendrait maintenant. Et en même temps, on se demandait comment continuer à travailler à l’Assemblée. C’était compliqué de trouver des majorités. On dépensait beaucoup d’énergie pour faire des petits pas.

Le timing voulu par le président surprend la députée. On a quand même les Jeux olympiques qui débutent en juillet. Il faut que la France ait un parlement en ordre de marche. Les délais sont très courts. Ça prend tout le monde de court.

Stella Dupont se donne au moins la nuit pour réfléchir à sa décision personnelle de se représenter devant les électeurs : On est en démocratie. Soit on a une majorité d’extrême droite, mais je veux m’y opposer. Soit il n’y a pas de majorité d’extrême droite. Mais est-ce qu’un parti seul aura une majorité ? Ce n’est pas certain. L’esprit de coalition serait le bienvenu.

Jackie Goulet, maire de Saumur (DVG) : « Le RN en tête, une première à Saumur »

Le sénateur (LR) Stéphane Piednoir, patron des Républicains en Maine-et-Loire. CO – Laurent COMBET

J’ai été agréablement surpris par la participation de 52,96 %, très légèrement supérieure à celle des Européennes de 2019. Cela prouve que l’Europe, quoi qu’on en dise, intéresse les électeurs d’une manière ou d’une autre. En revanche, les résultats sont là, les voix du RN ajoutées à celles de Reconquête atteignent 38 % des suffrages. Le RN en tête à Saumur, c’est une première (N.D.L.R., avec 30,92 % des voix). Je ne fustige pas les électeurs qui ont permis ce score énorme qu’il faudra analyser pour le comprendre. Je note aussi que la gauche sociale, ou centre gauche, a fait un score honorable avec la liste menée par Raphaël Glucksmann qui obtient 14,09 % des voix. Ce sont des idées dans lesquelles je me reconnais. Mais tout cela reste à relativiser par rapport au coup de théâtre inimaginable que constitue l’annonce de la dissolution de l’assemblée nationale, qui me paraît être un risque considérable. Je crains qu’on serve l’assemblée nationale sur un plateau au Rassemblement national. Et très égoïstement, en tant que maire, je ne vois pas comment on va organiser ces élections législatives en trois semaines, sans véritable campagne, sans compter que le premier tour tombera en même temps qu’Anjou vélo Vintage à Saumur. C’est la décision du Président, on n’a pas le choix, on va le faire.

___

Stéphane Piednoir (LR) : « Un revers monumental pour l’exécutif »

Laetitia Saint-Paul, députée de la 4eme circonscription du Maine-et-Loire. Archives CO – Josselin Clair

Le sénateur (LR) Stéphane Piednoir, patron des Républicains en Maine-et-Loire, analyse les résultats de ces élections européennes : Sur le scrutin, je me réjouis du taux de participation, en augmentation par rapport à 2019, même si on est loin des records historiques. Sur le résultat même, j’aurais aimé un meilleur score pour le candidat que je soutenais, François-Xavier Bellamy. Pour le reste, c’est un coup de semonce que les électeurs envoient, un revers monumental pour l’exécutif. Pour la droite, il y a une nécessité de refonder une droite de gouvernement, car elle est majoritaire dans ce pays. Sur la dissolution annoncée par Emmanuel Macron, le sénateur Piednoir voit » une surprise, surtout dans ce timing-là. On est à un mois et demi de recevoir les Jeux olympiques. Des textes sont en attente à l’Assemblée nationale. Je pense par exemple au texte sur la fin de vie. Mais le parlement va être à l’arrêt pendant un mois. On va respecter les institutions et la décision du président ».

La fédération LR de Maine-et-Loire pense déjà à l’organisation des législatives. Dès lundi matin, il faudra qu’on sache qui est volontaire pour ces élections. C’est un beau challenge qu’on est prêts à relever.

La députée Saint-Paul (LREM) : « Comme on dit à l’armée, commander c’est surprendre »

Aurore Lahondès, déléguée départementale du RN en Maine-et-Loire. CO – Laurent COMBET

Réagissant à chaud à l’annonce de dissolution faite par Emmanuel Macron, la députée de Saumur sud Laetitia Saint-Paul use d’un langage militaire voire guerrier : Le président l’a dit dès 2017 : nous ne serons jamais des assis, alors haut les cœurs, rendez-vous le 30 juin. Comme on dit à l’armée, commander c’est surprendre. On ne change pas une équipe qui gagne, ce n’est pas ce soir que je vais rendre les armes ! En avant !

___

Christelle Morançais, présidente (Horizons) de la Région Pays de la Loire : « Une décision courageuse »

Emmanuel Macron a pris une décision courageuse, réagit la présidente de la Région Pays de la Loire Christelle Morançais (Horizons). Elle poursuit : On ne se trompe jamais quand on demande aux Français de voter. Nos concitoyens ne sont jamais le problème. Ils sont toujours la solution. La France est à l’arrêt. Elle est bloquée et livrée au spectacle affligeant des partis politiques. Il faut en sortir par le haut. Et le haut, en démocratie, c’est le vote – c’est toujours le vote ! Je dis, aujourd’hui, ce que j’ai dit il y a deux ans. Il faut bâtir une coalition large, claire et nette, conforme aux idées de la droite républicaine et européenne, autour de priorités fondamentales : rétablir notre sécurité, rebâtir notre école, restaurer notre justice, redresser notre force productive, protéger notre nature, sauver notre modèle de santé… Et retrouver la fierté d’être ce que nous sommes : une grande Nation ! La question qui se pose à nous est historique. Saurons-nous tendre la main, dépasser nos divergences, nos clivages, nos histoires respectives pour nous rassembler au service du pays ? Chacun est devant ses responsabilités.

___

Aurore Lahondès (RN) : « Pour une fois qu’Emmanuel Macron nous écoute, on est sous le choc »

Arash Saeidi (LFI) en train de voter à Angers ce dimanche 9 juin. CO – Laurent COMBET

« Présente à la soirée parisienne du Rassemblement national, en tant que colistière de Jordan Bardella, grand vainqueur du jour, Aurore Lahondès (68e sur la liste), déléguée départementale du RN en Maine-et-Loire, vit l’euphorie de la victoire. Et les difficultés de parvenir à communiquer par téléphone.

Il y a beaucoup de journalistes. Ils prennent tout le réseau. La jeune femme de 26 ans, représentante du parti de Marine Le Pen en Anjou, se dit d’abord très heureuse des résultats aux élections européennes. Ce sont des semaines d’engagement. On a tous mis notre vie entre parenthèses ces dernières semaines. Mais on n’a aucun regret là-dessus.

Sur la dissolution de l’Assemblée nationale annoncée par le président de la République, c’est la surprise. Emmanuel Macron ne nous a jamais écoutés en sept ans. Cette dissolution, on ne pensait pas l’obtenir si vite. On ne pensait pas l’obtenir du tout, à vrai dire. Pour une fois qu’il nous écoute, on est sous le choc. On va repartir en campagne. On dormira dans un mois, ce n’est pas grave. On a déjà nos candidats aux législatives. Ce sont nos délégués de circonscription.

___

Arash Saeidi (LFI) « forcément content »

Le Saumurois Brice Allemandou, en 54e position (non éligible) sur la liste LFI de Manon Aubry. CO

Arash Saeidi, nouveau député européen (liste LFI) : A titre personnel, je suis forcément content. Mais je ne peux pas me satisfaire du score du RN alors que la liste unique de la NUPES aurait pu arriver en tête. Concernant la dissolution, on a un président qui n’a plus beaucoup de légitimité pour faire voter des lois, C’est peut-être son mandat à lui qu’il aurait du remettre, pas celui des députés. Nous, n’a pas peur d’aller devant le peuple. On a un programme, celui de la NUPES. Il est là et on est prêts à repartir au combat.

La députée Renaissance Nicole Dubré-Chirat « abasourdie »

La députée de la sixième circonscription de Maine-et-Loire, Nicole Dubré-Chirat a appris, ce dimanche 9 juin, comme tout le monde, la décision du président de la République de dissoudre l’Assemblée nationale. La représentante de Renaissance se dit abasourdie. C’est une surprise, car il n’y avait pas eu de rumeurs particulières jusqu’ici… C’est un peu brutal et il faut digérer la nouvelle. Mais je comprends la stratégie, celle de remettre chacun face à ses responsabilités.

___

Silvia Camara-Tombini (PS) : « Je ne sais pas ce qu’on doit attendre d’une élection législative »

Silvia Camara-Tombini, secrétaire fédérale du parti socialiste de Maine-et-Loire : On ne peut qu’être très profondément marqué par le résultat du Rassemblement national, même si on savait qu’il serait en tête. C’est un signal fort envoyé à toutes et à tous, à droite comme à gauche.

Le score de Raphaël Glücksmann est plutôt encourageant mais il est impossible de se réjouir de ce qui se passe. Il faut que la gauche se parle et que nous prenions très vite nos responsabilités. Je ne sais pas ce qu’on doit attendre d’une élection législative dans trois semaines.

___

« Un référendum contre la politique de Macron », selon un co-listier LFI

À la mairie d’Angers, pendant le dépouillement. CO – Laurent COMBET

Les militants de la France insoumise à Angers se sont donné rendez-vous dans leur quartier général, le bar Le Mojo. Le candidat angevin Arash Saeidi, qui figurait en sixième position sur la liste de Manon Aubry devrait être élu député européen. Il n’est pas présent ce dimanche soir à Angers, mais son colistier Saumurois, Brice Allemandou, en 54e position (non éligible), est là.

Le permaculteur est en charge des problématiques écologiques dans le parti de Jean-Luc Mélenchon. Cette élection est un référendum contre la politique de Macron, dit-il. On est heureux qu’il y ait une progression de la participation. On regrette que la contestation se soit portée sur les extrêmes. Nous n’en faisons pas partie. Nous avons un vrai projet de société pour transformer l’Europe et la France. Il est important qu’on soit dans une position stratégique d’opposition à la politique néolibérale et au fascisme. On regrette que les écologistes n’aient pas fait alliance avec nous.

___

« La fin de la Macronie » pour le maire de Cholet Gilles Bourdouleix

Le maire de Cholet, Gilles Bourdouleix, juge que c’est la fin de la Macronie. Et encourage les familles de droite, dont le Rassemblement national, à se réunir. Voici sa réaction :

Le résultat du scrutin est clair : c’est une raclée pour la Macronie ! Au terme d’une campagne scandaleuse, qui a vu l’exécutif mépriser sa tête de liste, ils arrivent seulement à 15 %. Mais comment peut-on gouverner avec seulement 15 % ? D’autant plus que je ne leur vois pas d’alliés potentiels… Dissoudre l’assemblée nationale me paraît, aujourd’hui, découler d’une logique démocratique. La Macronie, c’est fini. Ce que je retiens aussi, c’est le résultat du Rassemblement national, naturellement. Quand on additionne tous les scores de droite, avec le RN, les Républicains et Reconquête, on arrive quasiment à 47 %, c’est considérable. Il faut que toutes les familles de droite se réunissent et discutent ensemble. Le RN, ce n’est pas le FN de Jean-Marie Le Pen et ses dérives permanentes. Quand j’entends un discours de Jordan Bardella, je me dis que personne, à droite, ne peut le renier.

___

L’estimation des résultats à 20 h en Maine-et-Loire

La préfecture partage l’estimation des résultats à 20 h, en Maine-et-Loire :

Jordan Bardella (RN) arrive largement en tête avec 23,79 %.

Valérie Hayer (Renaissance) : 21,56 %

Raphaël Glusksmann (Place publique – PS) : 17,51 %

François-Xavier Bellamy (LR) : 9 %

Marie Toussaint (EELV) : 6,46 %

Manon Aubry (LFI) : 6,04 %.

___

Angers 20 h 20

À Angers, alors que Jordan Bardella (RN) s’est déjà exprimé pour demander la dissolution de l’Assemblée nationale, le dépouillement ne fait que commencer à la mairie d’Angers. Les tables sont trop petites pour déplier en entier les bulletins. Mais sur les 38 listes candidates, seulement une dizaine semble avoir les faveurs des électeurs des bureaux 101 et 102 à l’hôtel de ville.