Les échafaudages ont commencé à grimper le long de la façade du palais Rohan. Mercredi 10 juillet sera le coup d’envoi des travaux de rénovation de la porte monumentale de l’hôtel de ville de Bordeaux, incendiée le 23 mars 2023 en marge des manifestations contre la réforme des retraites.
Quand on dit porte, on pense montants et panneaux de bois. C’est oublier linteaux, panneaux, corniches et chambranles… bref, tout ce qui entoure les battants. Car la pierre a aussi souffert : « L’incendie a causé des éclatements et des fissurations », explique Mickael Moutet, conducteur de travaux pour les Compagnons de Saint-Jacques (groupe Aurige), à Tresses, à qui le marché a été attribué le 8 juin par appel d’offres.

Fabien Cottereau/SO
Les tout premiers gestes de ces spécialistes du patrimoine (la société intervient sur la cathédrale Saint-André, la flèche Saint-Michel, et auparavant à Cordouan, Blaye…) seront de procéder au « déplombage ». « Ces traces de plomb en surface de la pierre peuvent provenir soit de peintures, à l’époque où elles en contenaient ; soit de la circulation automobile, avant l’arrivée de l’essence sans plomb ». Jusqu’à l’arrivée du tram et la piétonnisation en 2002, la place Pey-Berland était en effet un immense rond-point.
Ce nettoyage sera mené par hydrogammage sur les parties planes et par cryogénisation sur les parties ornementées, statuaires, les corniches et chapiteaux. La surface du chantier s’étend sur près de 200 mètres carrés.
Chantier protégé
En raison de la toxicité du plomb, un travail a été mené avec la Caisse d’assurance retraite et de la santé au travail (Carsat) pour protéger le chantier (palissades alvéolées…), les travailleurs et le public étant nombreux à passer la porte en cette saison où les mariages s’enchaînent.
« Le but est qu’on ne puisse pas déterminer, en regardant l’ensemble, quelles pierres sont d’origine ou non »
Cette phase devrait durer trois semaines. « Mi-août, on pourra procéder au disjointement des précédents mortiers et à la purge des pierres desquamées ou brûlées », prévoit Mickael Moutet. Pour remplacer les pierres relevées, de nouvelles seront commandées, en provenance des carrières de Frontenac, afin de procéder aux greffes et ragréments. « Il est impossible de retrouver des pierres provenant du gisement d’origine, explique le compagnon. Nous en recherchons donc qui aient les mêmes propriétés mécaniques, le même grain, la même texture, ou s’en approchant. »
Après la pose, la dernière phase sera celle « de l’harmonisation et du vieillissement, en travaillant l’épiderme des pierres avec une patine à base de terres naturelles, pour qu’elles se fondent dans l’ensemble et qu’on ne puisse pas déterminer, en regardant l’ensemble, quelles pierres sont d’origine ou non », conclut le responsable des travaux.
Complexité technique et réglementaire
Ces travaux de maçonnerie devraient s’achever fin octobre. Il sera alors temps de lancer le chantier de la porte elle-même, qui, noircie par les flammes, était devenue une attraction touristique. Il avait d’ailleurs initialement été envisagé de la conserver en l’état – le maire Pierre Hurmic y décelant même une forme de beauté lui évoquant « le noir lumière » du peintre Pierre Soulages.
« Il avait finalement été établi qu’elle était trop fragilisée structurellement », rappelle Delphine Jamet, adjointe au maire en charge du patrimoine immobilier. « C’est d’ailleurs suite à cela qu’une consultation citoyenne avait été lancée autour du projet pour la remplacer, avec une très grosse participation du public, qui avait tranché pour une rénovation à l’identique plutôt que pour une création contemporaine. »
Si le chantier a mis tant de temps à démarrer – plus d’un an après le sinistre –, c’est qu’il a nécessité « de longues et complexes études en amont, avec la participation d’un architecte spécialisé dans le patrimoine, cette porte étant classée, l’établissement de cahiers des charges et le lancement d’appel d’offres », détaille Delphine Jamet.

Fabien Cottereau/SO
Pour la menuiserie, un nouvel appel d’offres sera lancé à la fin de l’année 2024. « L’architecte du patrimoine en finalise le cahier des clauses techniques particulières (CCTP) », explique l’élue. « Toute la question est la disponibilité de bois sec de bonne qualité : une bonne partie des stocks disponibles est partie à Paris pour la rénovation de la cathédrale Notre-Dame. » Un autre chef-d’œuvre défiguré en quelques minutes et à qui il aura fallu des années pour faire peau neuve. Pour la porte monumentale du palais Rohan, le chantier devrait être totalement fini en juin prochain, plus de deux ans après le sinistre, pour un montant estimé à 600 000 euros.
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