Où sont passées les archives du cimetière ? Une mairie recherche des centaines de propriétaires de tombes

La croix ne tient plus debout. La vieille tombe cabossée s’enfonce chaque année un peu plus dans le sol. Dessus, aucune fleur et aucune plaque commémorative. Le nom a même disparu, effacé par le temps. Dans ce cimetière de Fauillet, près de Tonneins, des dizaines de tombes comme celle-ci sont en état d’abandon. La mairie souhaiterait entrer en contact avec les propriétaires, alors que le cimetière manque de place. Problème, les actes de concession sont introuvables.

« De 1977 à 1985, la commune de Fauillet était rattachée à celle de Tonneins. À l’époque, les familles de défunts devaient se rendre à Tonneins pour demander un acte de concession. Mais lorsque les deux communes se sont séparées en 1985, certaines archives n’ont pas été transférées à Fauillet. Et depuis, on ne les a jamais retrouvées », explique Gilbert Dufourg, le maire de Fauillet. Ces actes permettraient de retrouver plus facilement les propriétaires, dans le but de leur rappeler leur obligation d’entretien ou de leur racheter le caveau. Sur les 500 tombes que compte le petit cimetière, environ 120 sont orphelines ou ne sont pas entretenues.

Peu de place

La mairie a entamé les premières démarches il y a cinq ans. Des plaques ont été installées sur certains emplacements pour rechercher les familles. Mais le temps presse. Le cimetière commence sérieusement à manquer d’espace. « Il ne reste plus que sept ou huit places disponibles, et agrandir coûte cher », estime le maire.

« Bien sûr, on veut faire en sorte de garder les concessions pour que les familles puissent se recueillir. Les propriétaires retrouvés qui n’ont plus l’acte de propriété pourront racheter le caveau pour 5 euros le mètre carré. Cela leur permet de renouveler l’emplacement pour trente ans supplémentaires. Mais si personne ne se manifeste, on devra vider et racheter les caveaux qui prennent de la place », précise Marie-Chantal Trinque, première adjointe au maire.

« Travail de fourmi »

Depuis qu’elle a entamé son travail de recherches, rythmé par des appels et du bouche-à-oreille auprès des habitants de la commune, une cinquantaine de propriétaires se sont manifestés « On a fait le tour localement. Mais il y a des descendants qui ont déménagé et c’est plus compliqué de les retrouver. C’est un véritable travail de fourmi. Sur la centaine de tombes concernées, il y en a peut-être une quarantaine dont on ne retrouvera jamais les familles », ajoute l’adjointe au maire.

Les archives départementales expliquent qu’il est « très compliqué de retrouver des actes de concession perdus ». Selon Carole Cruz, en charge des archives communales, « certaines communes ne faisaient pas de double de ces actes à l’époque. Seuls les propriétaires avaient le document mais pas les mairies, ce qui pourrait expliquer pourquoi ces archives sont introuvables ».

Les propriétaires ont jusqu’à fin décembre 2023 pour se déclarer. Mais la mairie souhaite allonger le délai d’un an supplémentaire, dans l’espoir de retrouver les archives ou les familles avant de détruire les caveaux.