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Samedi 21 septembre 2024, 14 h. Devant quelques curieux, les archivistes du Pôle Archives Seine-Eure procèdent à l’ouverture d’une cantine métallique, qui porte simplement la mention E. Sicard. La malle pèse lourd, le couvercle grince… Apparaît alors un fatras de documents, extraits précautionneusement et répartis en tas : carnets, courriers, journaux, bandes-son, etc.
Un véritable trésor s’étale peu à peu devant les spectateurs. L’une des archivistes s’écrie : « J’ai un indice ! ». Et quel indice ! Rien moins qu’une lettre d’un certain M. Philippe, d’Heudreville-sur-Eure, indiquant qu’il a déposé cette malle avec d’autres effets personnels en mairie de Louviers le 6 août 1968, « à la disposition d’Émile Sicard ».
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Mais qui êtes-vous, M. Sicard ?
L’enquête peut commencer ! Dans le fonds d’archives, est retrouvé un curriculum vitæ. Il y est noté qu’Émile Sicard est né à Thiers le 26 septembre 1909, qu’il devient bachelier en 1927 et licencié en lettres-philosophie en 1929.
Emile Sicard a consacré sa vie à la recherche. Dès 1935, il est lauréat de l’Académie des sciences morales et physiques. En 1942, il soutient brillamment une thèse de sociologie à l’Université de Clermont-Ferrand en 1942, consacrée à « La Zadruga sud slave dans l’évolution du groupe domestique », qu’il complétera en 1943 par une étude sur « La zadruga dans la littérature serbe (1850-1912) ». Mais qu’est-ce qu’une zadruga ? Il s’agit, chez les Slaves du sud, d’une communauté familiale basée sur l’indivision des terres et leur exploitation communautaire. Pour ses travaux, il obtient en 1944 le prix Halphen de l’Académie française.
Un universitaire globe-trotteur
L’homme est passionné par les pays slaves. De 1933 à 1941, il enseigne à l’Université de Belgrade, capitale de l’ex-Yougoslavie (aujourd’hui en Serbie). Expulsé par les nazis, il revient en France : il rédige ses thèses tout en enseignant.
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Il devient chargé de recherches sur les pays slaves au CNRS (1945-1951), puis conseiller technique au sous-secrétariat d’État aux affaires musulmanes de 1947 à 1948, ce qui lui vaut d’être décoré de l’ordre de Nicham El Anouar. En 1951, il arrive en Normandie pour enseigner la philosophie à Bernay, puis Louviers, où il organisera plusieurs expositions pour le musée entre 1958 et 1961. Toujours en 1951, il devient professeur de sociologie et d’histoire sociale à l’Institut international d’études et de recherches diplomatiques, puis professeur de sociologie à l’École des hautes études sociales et internationales, à compter de 1953. Directeur de multiples thèses, sa carrière universitaire connaît son apogée avec la vice-présidence de l’Université de Bordeaux-2.
Voyage, voyage…
Les archives d’Émile Sicard nous livrent le portrait d’un voyageur infatigable, allant de l’Amérique centrale à l’Europe centrale. Ses études consacrées à la Yougoslavie lui attirent l’amitié de la famille royale yougoslave, qui le décore de l’Ordre de la Couronne royale de Yougoslavie en 1935 et lui adressent tous leurs vœux de bonheur à l’occasion de son mariage en 1934 avec Léone, mère de ses deux enfants Brigitte et Jean-François.
Il aime enquêter sur le terrain, en particulier sur les communautés et fraternités qui restent son sujet de prédilection, qu’elles soient slaves, mexicaines, nord-africaines… ou même normandes, puisqu’il consacrera plusieurs articles aux confréries de charité. Autre témoin de ses voyages : son épouse, qui nous laisse 45 aquarelles de belle facture, où elle peint ses lieux de vie.
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Émile Sicard est polyglotte, comme en témoignent ses nombreuses publications : il parle anglais, allemand, serbe, espagnol, portugais, italien et sans doute arabe. Membres de sociétés savantes dans le monde entier, il collabore à diverses revues de sociologie et d’ethnologie. C’est également un homme de conviction, assez proche du parti communiste comme en témoignent sa correspondance et ses lectures. Il sait se mobiliser pour ses élèves, s’insurgeant contre la suppression d’une classe de philosophie et mathématiques élémentaires à Bernay en 1957, ou en faisant créer une chaire de philosophie au sein du tout nouveau lycée de Louviers en 1958.
Une histoire à enrichir…
27 septembre 2024, 19 h. L’inventaire est terminé, les archives sont triées, classées, inventoriées et rangées dans leurs nouvelles boîtes. Émile Sicard a fini de livrer les secrets d’une vie qui s’est achevée en 1978 après bien des péripéties.
Toutefois, si vous disposez d’informations le concernant, si vous avez été un de ses anciens élèves ou si vous l’avez rencontré durant son séjour à Louviers, n’hésitez pas à contacter le Pôle archives Seine-Eure : 02 32 50 86 36 ou [email protected]. L’enquête continue !
Pôle archives Seine-Eure
Régulièrement, retrouvez un article rédigé en partenariat avec le Pôle Archives de l’Agglomération Seine-Eure. Objectif : mettre en valeur les trésors des archives au travers d’histoires et d’anecdotes locales qui éclairent des événements de notre passé.
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