Sa dernière apparition publique à Mérignac remontait au 19 décembre 2023, lors d’un conseil municipal. Neuf mois plus tard, Alain Anziani, maire de Mérignac, siégera à nouveau en séance ce lundi 7 octobre, après une longue période de convalescence. Son état de santé l’a poussé à quitter la présidence de Bordeaux Métropole, mais pas la mairie de Mérignac, à laquelle il reste très attaché. Il estime aujourd’hui être en mesure de reprendre son rôle de maire et de débattre avec les élus. Malgré la maladie, il s’accroche avec courage à son dernier mandat politique.
Après neuf mois de convalescence, comment allez-vous ?
Je suis malade depuis 2022. J’ai deux cancers, une maladie de Parkinson et j’ai dû suivre des traitements de radiothérapie et chimiothérapie. En janvier dernier, j’ai éprouvé des difficultés à marcher en raison d’une infection. J’ai été hospitalisé quatre fois et j’ai dû être arrêté pendant six mois, allongé dans un lit d’hôpital puis au centre de rééducation. Aujourd’hui, je ne suis pas complètement rétabli, je suis encore en rééducation. Je ne suis pas en état de marcher et je continue les chimiothérapies. Mais j’estime être prêt à assurer mon rôle de maire et à diriger le Conseil municipal.
Vous avez quitté la présidence de Bordeaux Métropole en mars dernier, mais pas la municipalité de Mérignac. Cette décision vous a-t-elle aidé à surmonter cette période difficile ?
Rester maire de Mérignac est très important pour moi car cela me permet de continuer à travailler. Cela a été psychologiquement essentiel. J’ai pu continuer à télétravailler dans de bonnes conditions pendant plusieurs mois, à assurer des visioconférences, avec l’appui de mon équipe municipale que je remercie.
Les Mérignacais ont plutôt compris votre décision de rester maire, malgré la maladie. Certains ont même salué votre courage. Cela vous a-t-il touché ?
C’est essentiel pour moi. Mérignac, c’est une grande partie de ma vie. J’espère que je vais pouvoir renouer des relations sur le terrain et vite retrouver les habitants sur le marché. Quand on est dans une situation comme la mienne, cette façon de continuer à vivre est forcément plus intéressante. Dans mon état, on se préoccupe moins de soi et on est plus attentif aux autres.
Comment avez-vous observé cette période politique en votre absence ?
Tout le monde s’est bien comporté, aussi bien dans la majorité que dans l’opposition, en étant respectueux. Personne n’a tenté de profiter de ma situation, et j’ai rencontré beaucoup de bienveillance. Mon équipe municipale a également assuré le travail.
Sur le plan des élections, nous avons traversé une période d’incertitude générale. Je retiens qu’à Mérignac, entre les résultats aux élections européennes et législatives, notre parti (PS) est arrivé en tête dans beaucoup de bureaux de vote de la circonscription. La population nous fait confiance depuis longtemps. Mais il y a cette menace qui plane. Si les gens sentent qu’on ne s’occupe pas d’eux, cela peut créer les gilets jaunes ou le vote pour le Rassemblement national. Un vote de contestation plus que d’adhésion. Il faut continuer à bien répondre aux problèmes des habitants sur le logement, l’emploi, la sécurité.
Avez-vous profité de ce recul pour mûrir certaines réflexions sur votre politique de la ville ?
Cela fait déjà longtemps que je réfléchis à comment gérer une ville. Toute la difficulté est de gérer à la fois l’immédiat et le long terme. Quand vous regardez au-delà, vous pouvez parfois entrer en conflit avec les habitants. Par exemple, le projet Marne Soleil est parfois mal compris, car certains pensent que c’est de la bétonisation alors qu’on en fait un quartier qui favorisera le mieux vivre.
Quelles seront vos priorités pour votre retour ?
La grande priorité sera le dossier Continuons Mérignac ville verte. Face au réchauffement climatique, la ville doit s’adapter, trouver des alternatives. La végétalisation est essentielle. Dans chaque quartier, on identifie des squares et on va créer des îlots de fraîcheur. C’est un plan sur dix ans, qui consistera également à désartificialiser les cours d’école et plein d’autres lieux.
On va aussi terminer ce que nous avons entamé : la mini-forêt urbaine derrière la médiathèque, la Maison de la nature, la Maison des femmes, la rénovation des bâtiments publics, la salle du Krakatoa, les crèches… On va continuer à répondre aux problématiques de logement et de mobilités, qui touchent toute la métropole. On a besoin de construire, mais pas n’importe comment, sans dénaturer les quartiers. Tout cela prend du temps. Il faut aussi miser sur l’emploi et sur nos forces, avec l’aéronautique, tout en poursuivant notre politique sociale, avec une fiscalité juste.
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