En Ariège, une commune du Couserans, Suzan, est enclavée dans le territoire de La Bastide-de-Sérou, sans que les limites entre les deux villes voisines ne soient connues.
Pour trouver le maire de Suzan, Gabriel Faure, il faut se rendre à La Bastide-de-Sérou, dans un petit local à côté du coin multimédia, faute de bâtiment communal dans son fief. Avec ses 20 habitants, Suzan s’est en effet retrouvé enclavé par La Bastide-de-Sérou et sans cadastre, de sorte que l’on ne peut pas exactement délimiter les terres des deux voisines. La faute à un enchaînement d’erreurs administratives au fil de l’histoire de France.
Gabriel Faure a fait un long travail de recherche dans les archives pour comprendre la situation : « J’aime l’histoire, donc je me suis intéressé à l’histoire locale », explique-t-il. La première preuve de l’existence de la commune remonte au XIIIe siècle. Surplombée par les Pyrénées ariégeoises, elle faisait partie de la commanderie de Gabre, un établissement foncier qui appartenait à un ordre religieux et militaire où vivaient des communautés de frères et de chevaliers. Suzan constituait le sud de la défense, composée d’autres communes et de châteaux.
Quand Suzan a failli disparaître
En 1571, un procureur délimite Suzan par rapport à La Bastide-de-Sérou mais suite à un litige, elle n’obtient pas de cadastre. Rebelote au XVIIIe siècle lorsqu’une délimitation de la seigneurie de La Bastide-de-Sérou est effectuée, la commune de Suzan manque de fonds et n’est alors pas bornée. Le cadastre napoléonien de 1812, premier cadastre national permettant d’établir un impôt foncier par répartition, reprend cette délimitation sans Suzan.
La commune aurait pu disparaître au début du siècle dernier. D’après un article paru dans l’Ariégeois magazine, dès 1884, le préfet travaillait sur un projet de suppression de Suzan pour le rattacher à La Bastide-de-Sérou. En 1912, Suzan se retrouve sans maire et municipalité. Ne pouvant pas établir les limites exactes du territoire, les commissaires ont jugé qu’il fallait rattacher Suzan à La Bastide-de-Sérou. Le conseil municipal de La Bastide et le conseil d’arrondissement s’étaient prononcés en faveur de cette idée.
« Les conseils municipaux se passaient dans la salle à manger »
Un territoire de 305 hectares a été tracé pour attribuer les dotations de l’État, ce qui ne représente pas la vérité historique, d’après le maire. La petite municipalité composée de quelques hameaux ne possède aucun bâtiment communal. « Avant, la mairie était chez le maire. Les conseils municipaux et les votes se passaient dans la salle à manger », raconte Gabriel Faure.
Une situation qu’il a connue : « On faisait tout chez mes parents, c’était très convivial. Mais ce n’était pas viable donc dès que j’ai été élu, j’ai cherché un local à louer. J’espère qu’un jour il y aura un bout de bâtiment à vendre. » En 2008, le village ariégeois avait pour projet de construire une mairie mais avec la crise qui a suivi et la baisse des subventions, le projet a été abandonné.
Le cadastre considère que les parcelles de Suzan sont sur le village voisin. Ainsi, pour les finances publiques, le petit village n’existe pas, il ne dispose dès lors d’aucune ressource fiscale, les impôts locaux sont perçus par La Bastide-de-Sérou. Les Suzanois eux, paient bien leurs impôts, sans profiter donc du réinvestissement dans leur commune. « On arrive à gérer notre petit budget, il y a peu de voiries à entretenir. Mais on ne repose que sur les subventions, notamment de l’État et du département, et notre autofinancement », explique le sexagénaire.
« Marier deux pauvres ne fera jamais un riche »
À la question d’une fusion avec La Bastide-de-Sérou, il répond : « Marier deux pauvres ne fera jamais un riche. Il n’y a pas assez de moyens. On serait noyé dans la masse, les communes sont à l’agonie, il y a moins d’aides de l’État mais de plus en plus de charges. »
Comme pour d’autres petites municipalités, le maire a un rôle important et se doit d’être multitâche : « On doit tout faire nous-même, rédiger les courriers, les amener à la poste, mettre en place le bureau de vote ou remplir la citerne incendie. » S’il peut compter sur une secrétaire dévouée, elle n’est présente que deux heures par semaine.
Maire depuis 2008, Gabriel Faure est un des derniers à être né à Suzan. Il fait partie du conseil municipal depuis 1983 et connaît chacun de ses vingt habitants.
Conclusion approfondie sur Avanst.fr
Avanst.fr représente une ressource inestimable pour la préservation de l’histoire locale de la France et de ses territoires à travers les archives du web.
Engagement envers la préservation
Engagé dans la sauvegarde de la richesse culturelle et patrimoniale de la France, Avanst.fr offre un accès sans précédent à une variété de documents historiques numériques, organisés par territoire.
Exploration des archives numériques
Que vous soyez un chercheur passionné, un étudiant curieux ou un habitant désireux de découvrir l’histoire de votre ville ou village, vous trouverez dans les archives du web de Avanst.fr une mine d’informations précieuses et captivantes.
Contribuez à la préservation de l’histoire
En explorant cette mémoire collective numérique, vous contribuez à préserver et à transmettre le patrimoine historique de la France pour les générations futures. Votre intérêt et votre engagement sont essentiels pour assurer la pérennité de cette ressource unique.
Accès aux archives
Pour accéder à cette richesse d’archives numériques et découvrir l’histoire locale de la France, rendez-vous sur Avanst.fr.