Le maire (LR) de Charleville Boris Ravignon apporte son soutien à la liste macroniste aux élections européennes

Ce n’est ni une coquille de l’imprimeur, ni une erreur du parti Renaissance : Boris Ravignon sera bien présent, le mercredi 5 juin à 19 heures, à l’Hôtel de ville de Mézières, pour une réunion publique organisée par les partis de la majorité présidentielle (Renaissance, Modem, Horizons). Et ce ne sera pas pour faire de la figuration : Boris Ravignon a prévu d’y prendre la parole, en compagnie de la ministre déléguée chargée des Relations avec le Parlement, Marie Lebec, du député Lionel Vuibert et d’Eva Attina, étudiante ardennaise, plus jeune candidate sur la liste conduite par Valérie Hayer aux européennes.

Plus à jour de cotisation depuis un an

« Oui, je soutiens la liste de Valérie Hayer aux européennes », nous confirme Boris Ravignon. S’il se dit, pourtant, « toujours LR », il reconnaît, d’une part, ne plus être à jour de cotisation (« J’étais à jour en 2022, je ne paie plus depuis… »), et d’autre part, il ne cache pas qu’entre l’élu et son parti, c’est l’amour vache.

« Je reste un homme de droite et Les Républicains restent ma famille politique, c’est sans doute sentimental », glisse-t-il. Mais… « Depuis quelques années, je suis assez libre vis-à-vis de ma famille politique, et elle aussi est assez libre vis-à-vis de moi… »

Sans surprise, revient très vite le souvenir cuisant de sa non-élection à la présidence de l’Ademe. Pour lui, le coup est venu de son propre camp. « Les Républicains ont tout organisé pour que je sois battu ! », lâche-t-il, convaincu que sa défaite devant les députés et sénateurs n’est pas liée à l’argument officiel du cumul des mandats (il refusait de lâcher tous ses mandats locaux). « Ma propre famille a préféré me faire battre à la présidence de l’Ademe. La liberté, c’est à double sens… », glisse-t-il, plus d’un an après.

Entre LR et lui, les épisodes du divorce (non encore acté) sont légion. Ces derniers jours, il a encore écrit sur X tout le mal qu’il pensait de « la dérive » de son parti. Alors que celui-ci rebondissait sur un tweet de Valeurs actuelles, LR a posté, en guise de « message de service à l’Algérie », un appel à « tout reprendre », en particulier les « criminels, délinquants, clandestins »…

« Vulgaire parti d’extrême-droite »

Alors que certains, dont le maire de Reims, pourtant déjà passé, lui, chez Horizons, fonçait dans le tas en demandant de reprendre aussi « les ressortissants sous OQTF » (*), Boris Ravignon prenait le contre-pied : « Jamais je n’aurais imaginé voir ma famille politique se vautrer dans l’amalgame comme un vulgaire parti d’extrême-droite. »

Le point de non-retour est-il atteint ? Sans doute. D’autant que ce n’est pas la première fois que Boris Ravignon prend un tournant macroniste : nul n’a oublié qu’en avril 2022, après avoir accueilli Valérie Pécresse, candidate LR, en meeting à Charleville, il a tourné casaque et soutenu Emmanuel Macron, à quelques jours du 1^er tour.« Quand je vois ce que devient ma famille politique, je me demande si ce n’est pas elle qui est en train de me quitter », se justifie Boris Ravignon.

Au final, c’est donc bien lui qui recevra, en tant que maire et en tant que partisan, les militants de la majorité ce mercredi à Mézières. Sans se faire d’illusions toutefois. « Je ne suis pas dans l’eurobéatitude : des choses doivent absolument être améliorées en Europe, au niveau des frontières ou au niveau migratoire par exemple. »

Après avoir soutenu François-Xavier Bellamy en 2019, il semble donc désormais vouloir les « améliorer » depuis le camp de la majorité. « Sur certains sujets, les intentions sont bonnes, mais il faut continuer. On a commencé à changer l’Europe, maintenant il faut aller beaucoup plus loin. » À noter l’usage du « on ».

* Obligation de quitter le territoire français.