Affiches, dossiers de presse, documents comptables… Ces documents qui appartiennent à l’histoire d’Emmetrop et de Bandits Mages rejoindront les archives municipales et communautaires de Bourges, pour y être conservés et consultés.
En fusionnant en 2020, les associations Emmetrop et Bandits Mages ont donné naissance à Antre Peaux. Laissant derrière elles la bagatelle de 110 mètres linéaires d’archives dans lesquels Héloïse Renaud a commencé à plonger. La jeune archiviste recrutée pour classer ce fonds travaillera sur place jusqu’en janvier 2025. « Je ne m’occupe que du papier, précise-t-elle. C’est-à-dire, pour la partie administrative, les documents officiels des deux associations (comptabilité, bilans financiers et d’activité, etc.), et pour la partie artistique, tout ce qui concerne les activités en lien avec le jeune public, les concerts, les expositions, les actions contre le sida, l’illettrisme… »
L’affiche introuvable des Bérurier Noir…
Bourges, 8 octobre 2024. Don d’Antre Peaux aux archives municipales. Fiona Guerra et Diane Pigeau, codirectrices d’Antre Peaux.
Elle a déjà mis la main sur quelques pépites, comme les déclarations de création des associations, des maquettes graphiques, ou encore l’affiche annonçant le concert des Bérurier Noir, le 26 février 1988 à Bourges – cherchée en vain pour l’exposition Salut à toi ! au début de l’année. « Ce sont des archives colorées, punk, qui débordent du cadre mais qui sont pourtant tout à fait compatibles avec nos règles. » Et lorsqu’elle a des questions, elle va « toquer aux portes » pour recourir aux mémoires vivantes. Celle d’Élisabeth Delval, notamment, qui était là dès le début de l’aventure, il y a quarante ans tout juste (Emmetrop a été créée en septembre 1984).
Bourges, 8 octobre 2024. Don d’Antre Peaux aux archives municipales.
« Nous étions des étudiants, des activistes convaincus, qui ont fait des choses avec des petits moyens », confie-t-elle. Au départ, dans d’autres lieux de Bourges, et puis un jour ici, dans cette friche de l’avenue de La Chapelle. « Tout de suite, nous avons eu un flash, nous avons dit “c’est là !”, se souvient Élisabeth Delval. Il y avait une dimension humaine. Et puis, l’architecture magnifique du Transpalette, avec son puits de lumière. On l’a vu tout de suite ! » Fiona Guerra, l’une des codirectrices d’Antre Peaux, sourit : « Tu en parles comme si tu avais trouvé ta maison. » Élisabeth Delval réplique : « Pour moi, c’était ça. » Pour elle, les archives sur lesquelles Héloïse Renaud travaille et la questionne parfois ont d’abord « une valeur sentimentale » et elle y est « très attachée ».
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Bourges, 8 octobre 2024. Don d’Antre Peaux aux archives municipales. Yannick Bedin, adjoint au maire chargé de la culture et Elisabeth Delval.
D’une certaine façon, la Ville aussi. « C’est un fonds essentiel de l’histoire culturelle et artistique de Bourges, mais aussi du pays, commente Yannick Bedin, adjoint au maire chargé de la Culture. La création des friches est une étape de cette histoire, comme celle des Maisons de la culture, des festivals, etc. Emmetrop et Bandits Mages sont aussi un pan de l’histoire de beaucoup de Berruyers. »
La BNF sollicitée pour les supports audio et vidéo
Bourges, 8 octobre 2024. Don d’Antre Peaux aux archives municipales.
Grâce à ce don d’Antre Peaux, une mine de documents pourra être mise à la disposition du public. « Nous ne sommes pas là pour écrire une histoire, souligne Florian Giraud, directeur des archives municipales et communautaires. Notre objectif, quand on classe des fonds, est de les contextualiser, de montrer, dans ce cas, comment ces associations ont fonctionné. » Héloïse Renaud complète : « Nous offrons un matériau brut aux chercheurs. »
Héloïse Renaud, archiviste
Les archives d’Emmetrop et de Bandis Mages ne sont pas seulement faites de papier. Antre Peaux s’est ainsi rapproché de la BNF (bibliothèque nationale de France) pour prendre en charge ses supports audio et vidéo. Et Ciclic (agence régionale du Centre pour le livre, l’image et la culture numérique) serait intéressé par les captations faites en interne.
« Aujourd’hui, analyse Diane Pigeau, codirectrice d’Antre Peaux, la question se pose de savoir comment organiser et structurer ce que l’on produit, afin de faciliter le travail de ceux qui viendront, dans quarante ans. »
Martine Pesez
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